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Page:Sade - Historiettes contes et fabliaux, 1926.djvu/244

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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


vingt ans, d’une figure charmante et reconnue pour une fille d’esprit.

Il arrive souvent qu’un gentilhomme de province n’ayant jamais servi, assuré d’une existence agréable, ne tenant qu’à son nom et à ses biens, soit à Paris sans protection comme sans connaissances, et cela sans que sa considération en souffre parmi les compatriotes au milieu desquels il se trouve et qui sont accoutumés à le chérir et à le respecter. On pourrait la regarder comme chimérique, cette considération qui ne s’acquiert que dans l’antichambre des ministres ; elle n’est pas, dans les mœurs de la nation, l’histoire d’un siècle ou deux tout au plus ; on peut encore la traiter d’affaire de mode, et la voir absolument du même œil que les grands bonnets et les grands chapeaux : le cercle étroit des choses de luxe varie d’une saison à l’autre, les situations, les manières de vivre, les grandes coutumes en un mot sont un peu plus longtemps à parcourir tous les points de la circonférence, mais elles finissent pourtant par changer aussi, et cette révolution qu’annonce déjà l’agromanie, n’est peut-être pas si éloignée que l’on croit en France. Le possesseur de grands fiefs finira par voir que ce n’est pas à Versailles qu’il est réellement puissant, que confondu là, ou avec des inférieurs qui