ans, aimant supérieurement sa cousine et pas
tout à fait autant madame d’Esclaponville,
attendu qu’il y avait déjà dix ans qu’il couchait
avec elle, et qu’une habitude de dix ans est bien
funeste au feu de l’hymen. Madame d’Esclaponville
— car il faut peindre, pour qui passerait-on
si on ne peignait pas dans un siècle où il ne faut
que des tableaux, où une tragédie même ne
serait pas reçue si les marchands d’écrans n’y
trouvaient au moins six sujets — madame d’Esclaponville,
dis-je, était une blondasse un peu
fade, mais fort blanche, d’assez jolis yeux, bien
en chair, et de ces grosses joufflues qu’on appelle
communément dans le monde de bonne jouissance.
Jusqu’au moment actuel madame d’Esclaponville avait ignoré qu’il y eût une façon de se venger d’un époux infidèle ; sage comme sa mère qui avait vécu quatre-vingt-trois ans avec le même homme sans lui faire d’infidélité, elle était encore assez naïve, assez pleine de candeur pour ne pas même soupçonner ce crime affreux que les casuistes ont nommé adultère, et que les agréables qui adoucissent tout, ont appelé tout simplement galanterie ; mais une femme trompée reçoit bientôt de son ressentiment des conseils de vengeance, et comme aucun n’aime à être en reste, il n’est rien qu’elle ne fasse dès qu’elle le