peut, pour qu’on n’ait rien à lui reprocher.
Mme d’Esclaponville s’aperçut enfin que monsieur
son cher époux visitait un peu trop souvent
la cousine au troisième degré : le démon de
la jalousie s’empare de son âme, elle guette,
elle s’informe et finit par découvrir qu’il y a peu
de chose aussi constatée dans Saint-Quentin que
l’intrigue de son époux et de la sœur Pétronille.
Sûre de son fait, Mme d’Esclaponville déclare
enfin à son mari que la conduite qu’il observe
lui perce l’âme, que celle qu’elle a ne méritait
pas de tels procédés et qu’elle le conjure de
revenir de ses travers. — De mes travers, répond
l’époux flegmatiquement, ignores-tu donc
que je me sauve, ma chère amie, en couchant
avec ma cousine la religieuse ? On nettoie son
âme dans une si sainte intrigue, c’est s’identifier
à l’Être suprême, c’est incorporer le saint Esprit
en soi : aucun péché, ma chère, avec des personnes
consacrées à Dieu, elles épurent tout
ce qui se fait avec elles et les fréquenter, en
un mot, est s’ouvrir la route de la béatitude céleste.
Mme d’Esclaponville, assez peu contente
des succès de sa remontrance, ne dit mot mais
jure au fond d’elle-même qu’elle trouvera un
moyen d’une éloquence plus persuasive… Le
diable à cela est que les femmes en ont toujours
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LE TALION
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