paraît inquiet de ne pas voir encore la divinité
sur laquelle il compte. — Homme impatient, lui
dit Raneville, je vois d’ici ce que cherchent vos
yeux… on vous a promis une jolie femme, vous
voudriez déjà voltiger autour d’elle ; accoutumé
à déshonorer le front des maris d’Orléans, vous
voudriez, j’en suis bien sûr, traiter de même les
amants de Paris : je gage que vous seriez fort
aise de me caser au même rang que ce malheureux
Raneville dont vous m’entretîntes si plaisamment
hier. Dutour répond en homme à
bonnes fortunes, en fat et conséquemment en
sot, la conversation s’égaie un instant et Raneville,
prenant son ami par la main : Venez, lui
dit-il, homme cruel, venez dans le temple même
où la divinité vous attend. En disant cela, il fait
entrer Dutour dans un cabinet voluptueux, où la
maîtresse de Raneville préparée à la plaisanterie
et en ayant le mot, se trouvait dans le déshabillé
le plus élégant sur une ottomane de velours,
mais voilée : rien ne cachait l’élégance et la
richesse de sa taille, il n’y avait que son visage
qu’il était impossible de voir. — Voilà une fort
belle personne, s’écrie Dutour, mais pourquoi
me priver du plaisir d’admirer ses traits, sommes-nous
donc ici dans le sérail du grand Seigneur ?
— Non, pas un mot, c’est affaire de pudeur. —
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LE COCU DE LUI-MÊME
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