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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


suis. — Et votre femme ? — Elle est en province et je l’y laisse, comme vous laissez la vôtre à Sainte-Aure. — Marié, monsieur, marié, et seriez-vous de la confrérie, de grâce apprenez-le moi. — Ne vous ai-je pas dit qu’époux et cocu sont deux mots synonymes ? la dépravation des mœurs, le luxe… tant de choses font choir une femme. — Oh ! c’est bien vrai, monsieur, c’est bien vrai. — Vous répondez en homme instruit. — Non pas du tout ; si bien donc, monsieur, qu’une très jolie personne vous console de l’absence de l’épouse délaissée. — Oui en vérité, une très jolie personne, je veux vous la faire connaître. — Monsieur, ce m’est bien de l’honneur. — Oh ! point de façons, monsieur, nous voilà au port, je vous laisse libre ce soir à cause de vos affaires, mais demain sans faute je vous attends à souper à l’adresse ci-jointe, et Raneville a soin d’en donner une fausse, dont il prévient sur le champ chez lui, afin que ceux qui viendront le demander sous le nom qu’il donne puissent le trouver facilement.

Le lendemain, M. Dutour ne manque point au rendez-vous, et les précautions étant prises de manière que quoique sous un nom supposé, il pût trouver Raneville au logis, il entre sans difficulté. Les premiers compliments faits, Dutour