trompent quelquefois, mon avis est qu’en volupté,
il faut employer tous les sens. Dutour
approche une main tremblante, il palpe avec
extase le plus beau sein du monde, et ne peut
revenir de l’incroyable complaisance de son
ami. Allons plus bas, dit Raneville en relevant
jusqu’au milieu du corps une jupe de taffetas
légère, sans que rien ne s’oppose à cette incursion,
eh bien, que dites-vous de ces cuisses,
croyez-vous que le temple de l’amour soit soutenu
par de plus belles colonnes ? Et le cher
Dutour palpant toujours tout ce que développait
Raneville : Fripon, je vous devine, continue le
complaisant ami, ce temple délicat que les Grâces
mêmes ont couvert d’une mousse légère… vous
brûlez de l’entr’ouvrir, n’est-ce pas ? que dis-je,
d’y cueillir un baiser, je le gage. Et Dutour
aveuglé… balbutiant… ne répondait plus que
par la violence des sensations dont ses yeux
étaient les organes ; on l’encourage… ses doigts
libertins caressent les portiques du temple que
la volupté même entr’ouvre à ses désirs : ce baiser
divin qu’on permet, il le donne et le savoure
une heure. — Ami, dit-il, je n’y tiens plus, ou
chassez-moi de chez vous, ou permettez que
j’aille plus loin. — Comment, plus loin, et où
diable voulez-vous aller, je vous prie ? — Hélas,
Page:Sade - Historiettes contes et fabliaux, 1926.djvu/271
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE COCU DE LUI-MÊME
253