fasse avertir, et le prier de ma part de me prêter
l’habillement complet qu’il a coutume de mettre
quand il vient ici ; dès que tu tiendras ce vêtement,
Jeannette, tu iras trouver Louison la bien
aimée de mon perfide, et tu lui diras que tu
viens à elle de la part de monseigneur qui lui
fait enjoindre de se vêtir des habits que tu auras
dans ton tablier, de ne plus venir par son chemin
ordinaire, mais par celui du jardin, de la
cour et des salles basses, et d’aller aussitôt
qu’elle sera dans la maison, se cacher dans le
cabinet qui est à côté de la chapelle[1] jusqu’à ce
que monsieur vienne la chercher, et aux questions
qu’elle te fera sans doute sur ces changements,
tu lui diras que cela vient de la jalousie
de madame qui a tout su et qui la fait guetter
par le chemin qu’elle a coutume de prendre
ordinairement. Si elle s’effraye tu la rassureras,
tu lui feras quelque présent et tu lui recommanderas
bien surtout de ne pas manquer de venir
parce que monseigneur a ce soir des choses
de la plus grande conséquence à lui dire relativement
à tout ce qui a suivi la scène de jalousie
de madame. Jeannette part, elle remplit
ses deux commissions au mieux, et à neuf
- ↑ Toutes ces positions existent encore au château de Longeville.