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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


l’arrêter, il sort, et pendant ce temps-là Mme de Longeville qui ne perdait rien de ses démarches, vient s’établir dans le lit de son mari. M. de Longeville apprend chez Louison qu’elle est partie du logis comme à l’ordinaire et qu’assurément elle est au château, on ne lui dit rien du déguisement parce que Louison n’en avait fait la confidence à personne et qu’elle s’était évadée sans qu’on la vît, le patron revient et la bougie qu’il avait laissée dans sa chambre se trouvant éteinte, il va prendre près de son lit un briquet pour la rallumer ; en s’en approchant il entend respirer, il ne doute pas que sa chère Louison ne soit venue pendant qu’il allait la chercher, et qu’elle s’est couchée d’impatience ne le voyant point dans son appartement ; il ne balance donc point et le voilà bientôt entre deux draps, caressant sa femme avec les mots d’amour et les expressions tendres dont il avait coutume de se servir avec sa chère Louison. — Que tu m’as fait attendre, ma douce mie… où donc étais-tu, ma chère Louison… — Perfide, dit alors Mme de Longeville en découvrant la lumière d’une lanterne sourde qu’elle tenait cachée, je ne puis donc plus douter de ta conduite, reconnais ton épouse et non la p. à qui tu donnes ce qui n’appartient qu’à moi. — Madame, dit alors le