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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


nette part, elle amène Colas bien stylé. M. de Longeville se frotte les yeux en le voyant, il ordonne aussitôt à tout le monde de se lever et d’aller reconnaître au plus vite quel est donc, en ce cas, l’individu qu’il a fait jeter dans les fossés ; on vole, mais ce n’est qu’un cadavre qu’on rapporte et c’est celui de la malheureuse Louison qu’on expose aux yeux de son amant.

Ô juste ciel, s’écrie le baron, une main inconnue agit dans tout ceci, mais c’est la providence qui la dirige, je ne murmurerai pas de ses coups. Que ce soit vous ou qui l’on voudra, madame, qui soit cause de cette méprise, je renonce à l’approfondir, vous voilà débarrassée de celle qui vous causait des inquiétudes, défaites-moi de même de celui qui m’en donne et que dès l’instant Colas disparaisse du pays. Y consentez-vous, madame ? — Je fais plus, monsieur, je me joins à vous pour le lui ordonner : que la paix renaisse entre nous, que l’amour et l’estime y reprennent leurs droits et que rien ne puisse les en écarter à l’avenir. Colas partit et ne reparut plus, on enterra Louison et jamais il ne se vit depuis dans toute la Champagne d’époux plus unis que le sire et la dame de Longeville.