une cuisinière pour ne pas multiplier les témoins
des déportements de sa maison, vit arriver un
matin chez lui un homme de sa connaissance qui
venait lui demander à dîner. — Parbleu volontiers,
répond M. de Savari, et pour vous prouver
le plaisir que vous me faites, je vais ordonner
qu’on aille vous tirer du meilleur vin de ma
cave… — Un moment, dit l’ami dès que le valet
eût reçu l’ordre, je veux voir si La Brie ne nous
trompe pas… je connais les tonneaux, je veux le
suivre et observer si réellement il prendra du
meilleur. — Bon, bon, dit le maître de la maison
saisissant au mieux la plaisanterie, sans mon
cruel état je vous y accompagnerais moi-même,
mais vous me ferez plaisir de voir si ce coquin-là
ne nous induira pas en erreur.
L’ami sort, il entre dans la cave, se saisit d’un levier, assomme le valet, remonte aussitôt dans la cuisine, met la cuisinière sur le carreau, tue jusqu’à un chien et un chat qu’il trouve sur son passage, repasse dans l’appartement de M. de Savari, qui, incapable par son état de faire aucune défense, se laisse écraser comme ses gens, et cet assommeur impitoyable, sans se troubler, sans ressentir aucun remords de l’action qu’il vient de commettre, détaille tranquillement, sur la page blanche d’un livre qu’il trouve sur la table, la