auprès duquel nous demeurons, et de faire de
même avec elle, soit en me promenant, soit dans
une voiture de mon père, quelque visite chez
mes amies et mes parentes, pourvu que ce ne fût
pas à des heures où une jeune personne ne peut
guère être seule au milieu d’un cercle. Toute la
cause de mes malheurs vient de cette funeste
liberté, voilà pourquoi je vous en parle, monsieur,
plût à Dieu ne l’avoir jamais eue.
Il y a un an que me promenant, comme je viens de vous le dire, avec ma femme de chambre qui se nomme Julie, dans une allée obscure des Tuileries, où je me croyais plus seule que sur la terrasse, et où il me semblait que je respirais un air plus pur, six jeunes étourdis nous abordent, et nous font voir par l’indignité de leurs propos, qu’ils nous prennent l’une et l’autre pour ce qu’on appelle des filles. Horriblement embarrassée d’une telle scène, et ne sachant comment échapper, j’allais chercher mon salut dans la fuite, lorsqu’un jeune homme que j’étais dans l’usage de voir très souvent promener seul à peu près aux mêmes heures que moi, et dont l’extérieur n’annonçait rien que d’honnête, vint à passer comme j’étais dans ce cruel embarras. Monsieur, m’écriai-je en l’appelant à moi, je n’ai pas l’honneur d’être connue