que je n’avais imaginé de le faire jusqu’alors ; le
trouvant de deux ou trois ans plus âgé que moi et
d’une figure charmante, je rougis en le remerciant,
et les traits enflammés de ce dieu séduisant
qui fait mon malheur aujourd’hui pénétrèrent
jusqu’à mon cœur, avant que j’eusse le temps
de m’y opposer. Nous nous séparâmes, mais je
crus voir à la manière dont M. de … me quittait,
que j’avais fait sur lui la même impression qu’il
venait de produire en moi. Je rentrai chez mon
père, je me gardai bien de rien dire et revins
le lendemain dans la même allée, conduite par
un sentiment plus fort que moi, qui m’eût fait
braver tous les dangers qui eussent pu s’y rencontrer…
que dis-je, qui peut-être me les eût
fait désirer, pour avoir le plaisir d’en être délivrée
par le même homme… Je vous peins mon
âme, monsieur, peut-être avec trop de naïveté,
mais vous m’avez promis de l’indulgence et
chaque nouveau trait de mon histoire va vous
faire voir si j’en ai besoin ; ce n’est pas la seule
imprudence que vous me verrez faire, ce ne sera
pas la seule fois où j’aurai besoin de votre
pitié.
M. de … parut dans l’allée six minutes après moi, et m’abordant dès qu’il me vit : Oserai-je vous demander, mademoiselle, me dit-il, si