recommençant de nouvelles tyrannies ; Rodin fuſtige
à tour de bras, il acheve d’entrouvrir à force
de cinglons cet asyle des graces & de la volupté…
Il ne ſçait plus où il en eſt ; ſon ivreſſe eſt au point
de ne plus même lui laiſſer l’uſage de ſa raiſon ;
il jure, il blaſphême, il tempête, rien n’eſt ſouſtrait
à ſes barbares coups, tout ce qui paraît eſt
traité avec la même rigueur, mais le ſcélérat s’arrête
néanmoins, il ſent l’impoſſibilité de paſſer outre
ſans riſquer de perdre des forces qui lui ſont utiles
pour de nouvelles opérations. R’habillez-vous,
dit-il à Julie, en la détachant, & ſe rajuſtant lui-même,
& ſi pareille choſe vous arrive encore,
ſongez que vous n’en ſerez pas quitte pour ſi peu.
Julie rentrée dans ſa claſſe, Rodin va dans celle
des garçons, il en ramène auſſitôt un jeune écolier
de quinze ans, beau comme le jour ; Rodin le
gronde ; plus à l’aiſe avec lui ſans doute, il le
cajole, il le baiſe en le ſermonant ; — vous avez
mérité d’être puni, lui dit-il, & vous allez l’être…
À ces mots il franchit avec cet enfant toutes les
bornes de la pudeur ; mais tout l’intéreſſe ici, rien
n’eſt exclus, les voiles ſe relevent, tout ſe palpe
indiſtinctement ; Rodin menace, il careſſe, il baiſe,
il invective ; ſes doigts impies cherchent à faire
naître dans ce jeune garçon, des ſentimens de volupté
qu’il en exige également. Eh bien, lui dit
le ſatyre, en voyant ſes ſuccès, vous voilà pourtant
dans l’état que je vous ai défendu… Je gage
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