ſerait quelquefois une raiſon pour en diminuer
l’attrait,) mais c’eſt que les loix ne le puniront
plus, & qu’elles diminuent, par la crainte qu’elles
inſpirent, le plaiſir qu’a placé la Nature au crime.
Je ſuppoſe une ſociété où il ſera convenu que
l’inceſte (admettons ce délit comme tout autre)
que l’inceſte, dis-je, ſoit un crime, ceux qui s’y
livreront ſeront malheureux, parceque l’opinion,
les loix, le culte, tout viendra glacer leurs plaiſirs ;
ceux qui déſireront de commettre ce mal,
& qui ne l’oſeront, d’après ces freins, ſeront
également malheureux ; ainſi la loi qui proſcrira
l’inceſte, n’aura fait que des infortunés. Que dans
la ſociété voiſine, l’inceſte ne ſoit point un crime,
ceux qui ne le déſireront pas ne ſeront point malheureux,
& ceux qui le déſireront ſeront heureux.
Donc la ſociété qui aura permis cette action
conviendra mieux aux hommes, que celle qui
aura érigé cette même action en crime ; il en eſt
de même de toutes les autres actions mal-adroitement
conſidérées comme criminelles ; en les obſervant
ſous ce point de vue, vous faites une
foule de malheureux ; en les permettant, perſonne
ne ſe plaint ; car celui qui aime cette action quelconque
s’y livre en paix, & celui qui ne s’en
ſoucie pas, ou reſte dans une ſorte d’indifférence
qui n’eſt nullement douloureuſe, ou ſe dédommage
de la léſion qu’il a pu recevoir, par une
foule d’autres léſions dont il grève à ſon tour ceux
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