vérité, la devine & la voit. Nous le déſirons de
nous-mêmes alors cet Être ſaint autrefois méconnu ;
nous l’implorons, il nous conſole ; nous le prions,
il nous écoute. Eh, pourquoi donc le nierais-je,
pourquoi le méconnaîtrais-je, cet objet ſi néceſſaire
au bonheur ? Pourquoi préférerais-je de
dire avec l’homme égaré, il n’eſt point de Dieu,
tandis que le cœur de l’homme raiſonnable m’offre
à tout inſtant des preuves de l’exiſtence de cet
Être divin ? Vaut-il donc mieux rêver avec les
fous, que de penſer juſte avec les ſages ? Tout
découle néanmoins de ce premier principe : dès
qu’il exiſte un Dieu, ce Dieu mérite un culte,
& la premiere baſe de ce culte eſt inconteſtablement
la Vertu.
De ces premières vérités, je déduiſais facilement les autres, & Roſalie déiſte était bientôt chrétienne. Mais quel moyen, je le répète, de joindre un peu de pratique à la morale ? Roſalie, contrainte d’obéir à ſon père, ne pouvait tout au plus y montrer que du dégoût, et avec un homme comme Rodin cela ne pouvait-il pas devenir dangereux ? Il étoit intraitable ; aucun de mes ſystêmes ne tenait contre lui ; mais ſi je ne réuſſiſſais pas à le convaincre, au moins ne m’ébranlait-il pas.
Cependant, une telle école, des dangers ſi permanens, ſi réels, me firent trembler pour Roſalie au point que je ne me crus nullement coupa-