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Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/215

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arrive aux ſouterrains de notre pavillon, éloigné de l’autre d’environ un quart de lieue ; ſix enceintes épaiſſes s’oppoſent à ce qu’il ſoit poſſible d’apercevoir ce logement-ci, fût-on même monté ſur le clocher de l’égliſe ; la raiſon de cela eſt ſimple ; le pavillon eſt très-bas, il n’a pas vingt-cinq pieds, & les enceintes compoſées, les unes de murailles, les autres de haies vives très-ſerrées les unes ſur les autres, en ont chacune plus de cinquante de haut : de quelque part qu’on obſerve cette partie, elle ne peut donc être priſe que pour un taillis de la forêt, mais jamais pour une habitation ; c’eſt donc, ainſi que je viens de le dire, par une trappe donnant dans les ſouterrains, que ſe trouve la ſortie du corridor obſcur dont je t’ai donné l’idée, & duquel il eſt impoſſible que tu te ſouviennes d’après l’état où tu devais être en le traverſant. Ce pavillon-ci, ma chere, n’a en tout que des ſouterrains, un plein pied, un entreſol & un premier étage ; le deſſus eſt une voûte très-épaiſſe, garnie d’une cuvette de plomb pleine de terre dans laquelle ſont plantés des arbuſtes toujours verts qui, ſe mariant avec les haies qui nous environnent, donnent au total un air de maſſif encore plus réel ; les ſouterrains forment une grande ſalle au milieu & huit cabinets autour, dont deux ſervent de cachots aux filles qui ont mérité cette punition, & les ſix autres de caves ; au-deſſus ſe trouve la ſalle des ſoupers, les cuiſines, les offices, & deux cabi-

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