Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/279

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ſérieuſes ; abſolument hors d’état d’attendre, il s’empare de cette infortunée, il la place ſuivant ſes déſirs ; ne s’en rapportant pas encore aſſez à ſes ſoins, il appelle Clément à ſon aide. Octavie pleure & n’eſt pas entendue ; le feu brille dans les regards du Moine impudique, maître de la place, on dirait qu’il n’en conſidere les avenues que pour l’attaquer plus ſûrement ; aucunes ruſes, aucuns préparatifs ne s’employant ; cueillerait-il les roſes avec tant de charmes, s’il en écartait les épines ? Quelque énorme diſproportion qui ſe trouve entre la conquête & l’aſſaillant, celui-ci n’entreprend pas moins le combat ; un cri perçant annonce la victoire, mais rien n’attendrit l’ennemi ; plus la captive implore ſa grace, plus on la preſſe avec vigueur, & la malheureuſe a beau ſe débattre, elle eſt bientôt ſacrifiée. — Jamais laurier ne fut plus difficile, dit Sévérino en ſe retirant, j’ai cru que pour la premiere fois de ma vie j’échouerais près du port… Ah ! que d’étroit & que de chaleur ; c’eſt le ganimede des Dieux.

Il faut que je la ramène au ſexe que tu viens de ſouiller, dit Antonin, la ſaiſiſſant delà, & ſans vouloir la laiſſer relever : il eſt plus d’une breche au rempart, dit-il : & s’approchant avec fierté, en un inſtant il eſt au ſanctuaire. De nouveaux cris ſe font entendre : Dieu ſoit loué, dit le malhonnête homme, j’aurais douté de mes ſuccès ſans les gémiſſemens de la victime, mais mon triom-

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