Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/283

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 275 )


l’uſage de mes ſens ; pendant ce temps, le Supérieur ne ceſſant d’invectiver les parties qu’il moleſte ſe fait exciter par ſa ſuivante ; après un quart d’heure de ce frottement qui me lacere, il lâche le piſton qui fait jaillir l’eau brûlante au plus profond de la matrice… Je m’évanouis. Sévérino s’extaſiait… Il était dans un délire au moins égal à ma douleur. — Ce n’eſt rien que cela, dit le traître, quand j’eus repris mes ſens, nous traitons ces attraits-là, bien plus durement quelquefois ici… Une ſalade d’épines, morbleu ! bien poivrée, bien vinaigrée, enfoncée dedans avec la pointe d’un couteau, voilà ce qui leur convient pour les ragaillardir ; à la premiere faute que tu feras je t’y condamne, dit le ſcélérat en maniant encore l’objet unique de ſon culte ; mars deux ou trois hommages, après les débauches de la veille, l’avaient mis ſur les dents, je fus congédiée.

Je retrouvai, en rentrant, ma nouvelle compagne dans les pleurs, je fis ce que je pus pour la calmer, mais il n’eſt pas aiſé de prendre facilement ſon parti ſur un changement de ſituation auſſi affreux ; cette jeune fille avait d’ailleurs un grand fonds de religion, de vertu & de ſenſibilité ; ſon état ne lui en parut que plus terrible. Omphale avait eu raiſon de me dire que l’ancienneté n’influait en rien ſur les réformes ; que ſimplement dictées par la fantaiſie des Moines, ou par leur