Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/291

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nouveaux pardons des fautes involontaires que j’avais commiſes dans ce réceptacle odieux du crime & de l’impureté ; des larmes de regrets coulerent bientôt de mes yeux. Hélas ! me dis-je, j’étais bien moins criminelle, quand je quittai l’année derniere ce meme ſentier, guidée par un principe de dévotion ſi funeſtement trompé ! Ô Dieu ! dans quel état puis-je me contempler maintenant ! Ces funeſtes réflexions un peu calmées par le plaiſir de me voir libre, je pourſuivis ma route vers Dijon, m’imaginant que ce ne pouvait être que dans cette Capitale où mes plaintes devaient être légitimement reçues…


Ici Madame de Lorſange voulut engager Théreſe à reprendre haleine, au moins quelques minutes ; elle en avait beſoin ; la chaleur qu’elle mettait à ſa narration, les plaies que ces funeſtes récits r’ouvraient dans ſon ame, tout enfin l’obligeait à quelques momens de tréve. M. de Corville fit apporter des rafraîchiſſemens, & après un peu de repos, notre Héroïne pourſuivit, comme on va le voir, le détail de ſes déplorables aventures.


Fin du Tome Premier.