ne le manifeſtait ; quelquefois il m’ordonnait de
ſucer moi-même ſes gitons, & de venir auſſitôt
rapporter dans ſa bouche l’encens que je
recueillerais. Enfin il les lance l’un après l’autre
vers la malheureuſe Comteſſe. Ces jeunes gens
l’approchent, ils l’inſultent, ils pouſſent l’inſolence
juſqu’à la battre, juſqu’à la ſouffleter, &
plus ils la moleſtent, plus ils ſont loués, plus
ils ſont encouragés par le Comte.
Gernande alors s’occupait avec moi, j’étais devant lui, mes reins à hauteur de ſon viſage, & il rendait hommage à ſon Dieu ; mais il ne me moleſta point ; je ne ſais pourquoi il ne tourmenta point non plus ſes Ganimedes, il n’en voulait qu’à la ſeule Comteſſe. Peut-être l’honneur de lui appartenir devenait-il un titre pour être maltraitée par lui ; peut-être n’était-il vraiment ému de cruauté, qu’en raiſon des liens qui prêtaient de la force aux outrages. On peut tout ſuppoſer dans de telles têtes, & parier preſque toujours que ce qui aura le plus l’air du crime, ſera ce qui les enflammera davantage. Il nous place enfin, ſes jeunes-gens & moi, aux côtés de ſa femme, entremêlés les uns avec les autres : ici un homme, là une femme, & tous les quatre lui préſentant le derriere ; il examine d’abord en face un peu dans l’éloignement, puis il ſe rapproche, il touche, il compare, il careſſe ; les jeunes-gens & moi n’avions rien à