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Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/347

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ſervir, c’eſt ma loi. Lorſque je fus pris par les voleurs avec qui vous étiez, me vites-vous me plaindre de mon ſort ? Se conſoler & agir d’induſtrie, ſi l’on eſt le plus faible, jouir de tous ſes droits, ſi l’on eſt le plus fort, voilà mon ſyſtême : vous étiez jeune & jolie, Théreſe, nous nous trouvions au fond d’une forêt, il n’eſt point de volupté dans le monde qui allume mes ſens comme le viol d’une fille vierge ; vous l’étiez, je vous ai violée ; peut-être vous euſſé-je fait pis, ſi ce que je haſardais n’eût pas eu de ſuccès, & que vous m’euſſiez oppoſé des réſiſtances ; mais je vous volai, je vous laiſſai ſans reſſources au milieu de la nuit, dans une route dangereuſe : deux motifs occaſionnerent ce nouveau, délit ; il me fallait de l’argent, je n’en avais pas ; quant à l’autre raiſon qui put me porter à ce procédé, je vous l’expliquerais vainement, Théreſe, vous ne l’entendriez point. Les ſeuls êtres qui connaiſſent le cœur de l’homme, qui en ont étudié les replis, qui ont démêlé les coins les plus impénétrables de ce dédale obſcur, pourraient vous expliquer cette ſuite d’égarement. — Quoi ! Monſieur, de l’argent que je vous avais offert… le ſervice que je venais de vous rendre… être payée de ce que j’avais fait pour vous par une auſſi noire trahiſon… cela peut, dites-vous, ſe comprendre, cela peut ſe légitimer ? — Eh ! oui, Théreſe, eh ! oui, la preuve que cela peut s’expliquer, c’eſt qu’en venant de vous piller,

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