tout-à-coup j’entends ouvrir la porte de mon cachot ;
c’eſt Roland : le ſcélérat vient achever de
m’outrager en me faiſant ſervir à ſes odieux caprices :
vous ſuppoſez aiſément, Madame, qu’ils
devaient être auſſi féroces que ses procédés, &
que les plaiſirs de l’amour dans un tel homme,
portaient néceſſairement les teintes de ſon odieux
caractere. Mais comment abuſer de votre patience
pour vous raconter ces nouvelles horreurs ?
N’ai-je pas déjà trop ſouillé votre imagination
par d’infames récits ? Dois-je en haſarder de nouveaux ?
— Oui, Théreſe, dit Monſieur de Corville,
oui, nous exigeons de vous ces détails, vous les
gazez avec une décence qui en émouſſe toute l’horreur,
il n’en reſte que ce qui eſt utile à qui veut
connaître l’homme ; on n’imagine point combien
ces tableaux ſont utiles au développement de ſon
ame ; peut-être ne ſommes-nous encore auſſi ignorans
dans cette ſcience, que par la ſtupide retenue
de ceux qui voulurent écrire ſur ces matieres.
Enchaînés par d’abſurdes craintes, ils ne
nous parlent que de ces puérilités connues de
tous les ſots, & n’oſent, portant une main hardie
dans le cœur humain, en offrir à nos yeux
les giganteſques égaremens. — Eh bien ! Monſieur,
je vais vous obéir, reprit Théreſe émue,
& me comportant comme je l’ai déjà fait, je
tâcherai d’offrir mes eſquiſſes ſous les couleurs
les moins révoltantes.
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