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Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/385

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accorder aucune gratitude. Je demande à ceux qui voudraient m’y contraindre, ſi un voleur qui arrache la bourſe d’un homme dans un bois, parcequ’il ſe trouve plus fort que lui, doit quelque reconnaiſſance à cet homme du tort qu’il vient de lui cauſer ; il en eſt de même de l’outrage fait à une femme, ce peut être un titre pour lui en faire un ſecond ; mais jamais une raiſon ſuffiſante pour lui accorder des dédommagemens. — Oh ! Monſieur, lui dis-je, à quel point vous portez la ſcélérateſſe ! — Au dernier période, me répondit Roland ; il n’eſt pas un ſeul écart dans le monde où je ne me ſois livré, pas un crime que je n’aie commis, & pas un que mes principes n’excuſent ou ne légitiment ; j’ai reſſenti ſans ceſſe au mal une ſorte d’attrait qui tournait toujours au profit de ma volupté ; le crime allume ma luxure ; plus il eſt affreux, plus il m’irrite ; je jouis en le commettant de la même ſorte de plaiſir que les gens ordinaires ne goûtent que dans la lubricité, & je me ſuis trouvé cent fois, penſant au crime, m’y livrant, ou venant de le commettre, abſolument dans le même état qu’on eſt auprès d’une belle femme nue ; il irritait mes ſens dans le même genre, & je le commettais pour m’enflammer, comme on s’approche d’un bel objet dans les intentions de l’impudicité. — Oh ! Monſieur, ce que vous dites eſt affreux, mais j’en ai vu des exemples. — Il en eſt mille, Théreſe.