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Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/397

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principes ſont faits ſur cela, & bien perſuadé que la matiere ne peut jamais redevenir que matiere, je ne crains pas plus l’enfer que je n’attends le paradis ; mais j’appréhende les tourmens d’une mort cruelle ; je ne voudrais pas ſouffrir en mourant : eſſayons donc. Tu me feras tout ce que je t’ai fait ; je vais me mettre nu ; je monterai ſur le tabouret, tu lieras la corde, je m’exciterai un moment, puis dès que tu verras les choſes prendre une ſorte de conſiſtance, tu retireras le tabouret, & je reſterai pendu ; tu m’y laiſſeras juſqu’à ce que tu voyes ou l’émiſſion de ma ſemence ou des ſimptômes de douleur ; dans ce ſecond cas, tu me détacheras ſur-le-champ ; dans l’autre tu laiſſeras agir la Nature, & tu ne me détacheras qu’après. Tu le vois, Théreſe, je vais mettre ma vie dans tes mains, ta liberté, ta fortune tel ſera le prix de ta bonne conduite. — Ah, Monſieur, répondis-je, il y a de l’extravagance à cette propoſition. — Non, Théreſe, je l’exige, répondit-il en ſe déshabillant, mais conduis-toi bien ; vois quelle preuve je te donne de ma confiance & de mon eſtime ! — À quoi m’eût-il ſervi de balancer ? N’était-il pas maître de moi ! D’ailleurs il me paraiſſait que le mal que j’allais faire ſerait auſſitôt réparé par l’extrême ſoin que je prendrais pour lui conſerver la vie ; j’en allais être maîtreſſe de cette vie, mais quelles que puſſent être

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