Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/396

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concerne que moi… Une volupté ſinguliere dont je veux jouir & qui ne te fera courir nuls riſques. Je le ſuis. Dès que toutes les portes ſont fermées, — Théreſe, me dit Roland, il n’y a que toi dans la maiſon à qui j’oſe me confier pour ce dont il s’agir ; il me fallait une très-honnête femme… je n’ai vu que toi, je l’avoue, je te préfère même à ma ſœur… pleine de ſurpriſe, je le conjure de s’expliquer. — Écoute-moi, me dit-il ; ma fortune eſt faite, mais quelques faveurs que j’aie reçues du ſort, il peut m’abandonner d’un inſtant à l’autre ; je puis être guété, je puis être ſaiſi dans le tranſport que je vais faire de mes richeſſes, & ſi ce malheur m’arrive, ce qui m’attend, Théreſe, c’eſt la corde ; c’eſt le même plaiſir que je me plais à faire goûter aux femmes, qui me ſervira de punition ; je ſuis convaincu, autant qu’il eſt poſſible de l’être, que cette mort eſt infiniment plus douce qu’elle n’eſt cruelle ; mais comme les femmes à qui j’en ai fait éprouver les premieres angoiſſes n’ont jamais voulu être vraies avec moi, c’eſt ſur mon propre individu que j’en veux connaître la ſenſation. Je veux ſavoir par mon expérience même, s’il n’eſt pas très-certain que cette compreſſion détermine dans celui qui l’éprouve le nerf érecteur à l’éjaculation ; une fois perſuadé que cette mort n’eſt qu’un jeu, je la braverai bien plus courageuſement, car ce n’eſt pas la ceſſation de mon exiſtence qui m’effraie : mes