Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/423

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m’écraſer moi-même, moi… qui ne ſemblais reſpirer à Grenoble qu’en échappée de la potence. Ces raiſons me convainquirent & m’effrayerent même tellement que je me réſolus de partir de cette ville ſans prendre congé de M. S*** mon protecteur. L’ami de Dubreuil approuva ce parti ; il ne me cacha point que ſi toute cette aventure ſe réveillait, les dépoſitions qu’il ſerait obligé de faire, me compromettraient, quelles que fuſſent ſes précautions, tant à cauſe de mon intimité avec la Dubois, qu’en raiſon de ma derniere promenade avec ſon ami ; qu’il me conſeillait donc d’après cela de partir tout-de-ſuite ſans voir perſonne, bien ſûre que de ſon côté il n’agirait jamais contre moi qu’il croyait innocente, & qu’il ne pouvait accuſer que de faibleſſe, dans tout ce qui venait d’arriver.

En réfléchiſſant aux avis de Valbois, je reconnus qu’ils étaient d’autant meilleurs, qu’il paraiſſait auſſi certain que j’avais l’air coupable, comme il était ſûr que je ne l’étais pas ; que la ſeule choſe qui parlât en ma faveur, la recommandation faite à Dubreuil à l’inſtant de la promenade, mal expliquée, m’avait-on dit, par lui à l’article de la mort, ne deviendrait pas une preuve auſſi triomphante que je devais y compter ; moyennant quoi je me décidai promptement ; j’en fis part à Valbois. — Je voudrais, me dit-il, que mon ami m’eût chargé de quelques diſpoſitions