au bout d’une courte carriere brûle avec ſon
ami le même encens qu’il en avait reçu. Si l’extaſe
de Saint-Florent était plus concentrée, elle
n’en était pas moins vive, moins bruyante, moins
criminelle que celle de Cardoville ; l’un prononçait
en hurlant tout ce qui lui venait à la bouche,
l’autre contenait ſes tranſports ſans qu’ils en fuſſent
moins actifs ; il choiſiſſait ſes paroles, mais
elles n’en étaient que plus ſales & plus impures
encore : l’égarement & la rage en un mot paraiſſaient
être les caractères du délire de l’un, la
méchanceté, la férocité ſe trouvaient peints
dans l’autre. — Allons, Théreſe, ranime-nous,
dit Cardoville ; tu vois ces flambeaux éteints,
il faut les rallumer de nouveau. Pendant que
Julien allait jouir de Cardoville, & la Roſe de
Saint-Florent, les deux libertins penchés ſur
moi devaient alternativement placer dans ma bouche
leurs dards émouſſés ; lorſque j’en pompais un,
il fallait de mes mains ſecouer & polluer l’autre,
puis d’une liqueur ſpiritueuſe que l’on m’avait
donnée je devais humecter & le membre même
& toutes les parties adjacentes ; mais je ne devais
pas ſeulement m’en tenir à ſucer, il fallait
que ma langue tournât autour des têtes, & que
mes dents les mordillaſſent en même temps que
mes levres les prenaient. Cependant nos deux patiens
étaient vigoureuſement ſecoués ; Julien &
la Roſe changeaient afin de multiplier les ſen-
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