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Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/473

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n’eſt pas encore jour, les deux hommes qui vous ont amenée vont vous reconduire dans votre priſon. Je voulus dire un mot, je voulus me jetter aux genoux de ces Ogres, ou pour les adoucir, ou pour leur demander la mort. Mais on m’entraîne & l’on me jette dans un fiacre où mes deux conducteurs s’enferment avec moi ; à peine y furent-ils que d’infâmes déſirs les enflammerent encore. — Tiens-la-moi, dit Julien à la Roſe, il faut que je la ſodomiſe ; je n’ai jamais vu de derriere où je fus plus voluptueuſement comprimé ; je te rendrai le même ſervice. Le projet s’exécute, j’ai beau vouloir me défendre, Julien triomphe, & ce n’eſt pas ſans d’affreuſes douleurs, que je ſubis cette nouvelle attaque : la groſſeur exceſſive de l’aſſaillant, le déchirement de ces parties, les feux dont cette maudite boule a dévoré mes inteſtins, tout contribue à me faire éprouver des tourmens, renouvellés par la Roſe dès que ſon camarade a fini. Avant que d’arriver je fus donc encore une fois victime du libertinage criminel de ces indignes valets ; nous entrâmes enfin. Le geolier nous reçut, il était ſeul, il faiſait encore nuit, perſonne ne me vit rentrer. — Couchez-vous, me dit-il, Théreſe, en me remettant dans ma chambre, & ſi jamais vous vouliez dire à qui que ce fût que vous êtes ſortie cette nuit de priſon, ſouvenez-vous que je vous démentirais, & que cette inutile accuſation ne vous tirerait pas d’af-

  Tome II.
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