votre naiſſance, je vous conjure de m’avouer
votre ſecret ; ne vous imaginez pas que ce ſoit
une vaine curioſité qui m’engage à vous parler
ainſi… Grand Dieu ! ce que je ſoupçonne ſerait-il ?…
Ô Théreſe ! ſi vous étiez Juſtine ?…
ſi vous étiez ma ſœur ! — Juſtine ! Madame ! quel
nom ! — Elle aurait aujourd’hui votre âge… —
Juliette ! eſt-ce toi que j’entends, dit la malheureuſe
priſonniere en ſe jetant dans les bras de Madame
de Lorſange ?… toi, ma ſœur !… ah ! je
mourrai bien moins malheureuſe puiſque j’ai pu
t’embraſſer encore une fois !… Et les deux
ſœurs étroitement ſerrées dans les bras l’une de
l’autre ne s’entendaient plus que par leurs ſanglots,
ne s’exprimaient plus que par leurs larmes.
Monſieur de Corville ne put retenir les ſiennes ; ſentant qu’il lui devient impoſſible de ne pas prendre à cette affaire le plus grand intérêt, il paſſe dans une autre chambre, il écrit au Chancelier, il peint en traits de feu l’horreur du ſort de la pauvre Juſtine que nous continuerons d’apeller Théreſe : il ſe rend garant de ſon innocence, il demande que, juſqu’à l’éclairciſſement du procès, la prétendue coupable n’ait d’autre priſon que ſon château, & s’engage à la repréſenter au premier ordre de ce chef ſouverain de la Juſtice ; il ſe fait connaître aux deux conducteurs de Théreſe, les charge de ſes lettres, leur répond de la priſonniere ; il eſt obéi, Théreſe lui eſt confiée ;