sans doute, devait être effrayante, sans qu’il s’y commit, je crois de véritables cruautés. L’affaire Rose Keller entraîna le second emprisonnement du marquis de Sade. Il fut enfermé au château de Saumur, puis à la prison de Pierre-Encise, à Lyon. Au bout de six semaines, il fut remis en liberté. En juin 1772 a lieu l’affaire de Marseille ; elle avait moins de gravité encore que l’affaire de la veuve Keller. Cependant le Parlement d’Aix condamna le marquis, par contumace, à la peine de mort. Ce jugement fut cassé en 1778. À la veille de sa seconde condamnation, le marquis s’enfuit en Italie en enlevant la sœur de sa femme.
Après avoir parcouru quelques grandes villes, il voulut se rapprocher de la France et vint à Chambéry, où il fut arrêté par la police sarde et incarcéré au château de Miolans, le 8 décembre 1772. (Grâce à sa jeune femme, il parvint à s’échapper dans la nuit du 1er au 2 mai 1773. Après un court séjour en Italie, il rentra en France et reprit, au château de la Coste, sa vie de débauches. Il venait assez souvent à Paris, où il fut arrêté le 14 janvier 1777 et conduit au donjon de Vincennes et, de là, transféré à Aix, où un arrêt du 30 juin 1778 cassa la sentence de 1772. Un nouvel arrêt le condamna, pour les faits de débauche outrée, à ne pas aller à Marseille pendant trois années et à 50 livres d’amende au profit de l’œuvre des prisonniers. On ne lui rendit pas la liberté.
Pendant qu’on le menait d’Aix à Vincennes, il s’échappa encore grâce à sa femme et fut arrêté quelques mois après au chàteau de la Coste. En avril 1779, il fut enfermé de nouveau à Vincennes, où il eut un amour platonique avec Mlle de Rousset, une amie de sa femme, et d’où il ne devait plus sortir que pour entrer à la Bastille, le 29 février 1784. Il y écrivit la plupart de ses ouvrages. En 1789, ayant connu la Révolution qui se préparait, le marquis de Sade commença à s’agiter ; il eut des démêlés avec M. de Launay, gouverneur de la Bastille. Le 2 juillet, il eut l’idée de se servir, en guise de porte-voix, d’un long tuyau de fer-blanc, terminé à une de ses extrémités par un entonnoir, et qu’on lui avait donné pour vider ses eaux dans le fossé par sa fenêtre qui donnait sur la rue Saint-Antoine ; il cria à diverses reprises qu’ « on égorgeait les prisonniers de la Bastille et qu’il fallait venir les délivrer[1] ». À
- ↑ Voir : Répertoire ou Journalier du château de la Bastille à