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L’ŒUVRE DU MARQUIS DE SADE

formés Les Crimes de l’Amour (voir l’Essai bibliographique). Cependant Les Infortunes de la Vertu ne font point partie de l’énumération qu’a faite le marquis de Sade de ces Contes et Fabliaux qu’il n’avait point encore écrits au moment où il les énumérait, mais seulement imaginés. À cette époque, le marquis de Sade avait bien l’idée d’écrire là-dessus un roman. Y ayant renoncé, il avait marqué d’avance la fin de son conte sur la couverture du Cahier douzième (en réalité le quatrième) : « Fin des Malheurs de la Vertu. »

Sur la couverture du « Cahier neuvième », il avait indiqué ceci : « Le cahier destiné aux Malheurs de la Vertu a 192 pages de 8 cahiers, le brouillon a 175 pages, donc le beau cahier a 17 pages de plus que le brouillon, ce qui n’est pas trop pour les augmentations projetées. » (Les quatre derniers mots ont été raturés par l’auteur.) Il s’agit ici du cahier destiné à l’impression et dans lequel le marquis voulait recopier son conte. Son brouillon a, en réalité, 179 pages, plus 6 feuillets de couvertures. À la fin de son manuscrit, le marquis de Sade indiquait en note : « Fini au bout de quinze jours, le 8 juillet 1784. » Par conséquent, il aurait commencé à l’écrire le 23 ou le 24 juin.

Juliette ou les Prospérités du Vice, qui est la suite de Justine, contraste parfaitement avec cet ouvrage.

En sortant du couvent avec sa sœur, Juliette entre chez une appareilleuse qui la présente à un certain Dorval, c’est « le plus grand voleur de Paris ». Il lui donne à entôler deux Allemands. Elle rencontre ensuite le scélérat Noirceuil qui a causé la banqueroute de son père à elle et s’est enrichi en dépouillant un grand nombre de familles. Il la présente au ministre d’État Saint-Fond qui, contre certaines complaisances, lui procure les moyens de satisfaire son goût effréné pour le luxe. Il la met à la tête du département des poisons. Les empoisonnements politiques recommencent, entremêlés de tortures variées que l’on fait subir aux victimes officielles.

Une Anglaise, amie de Juliette, lady Clairwill, la fait admettre dans la Société des amis du crime, dont fait partie Saint-Fond. Le ministre ayant préparé un projet de dépopulation de la France, il le communique à Juliette, qui ne peut réprimer un mouvement de surprise et d’horreur.

Saint-Fond s’en aperçoit. Elle comprend que sa vie est menacée. Elle se sauve à Angers chez une appareilleuse de second