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L’ŒUVRE DU MARQUIS DE SADE

le plus cruel et la barbarie la plus raffinée ont imaginé de plus terrible.

Tous entrent au château le 29 octobre, à 8 heures du soir. Comme au conclave, sur la demande du duc, on mure les portes et les issues. Jusqu’au 1er novembre (quatre jours) les victimes se reposent, et les quatre libertins établissent le règlement. Il est court : Lever à 10 heures du matin, puis visite aux garçons.

À 11 heures, collation (chocolat, rôti, vin) dans le sérail des filles qui versent nues et à genoux.

Dîner de 3 à 5 heures, servi par les épouses et les vieilles. Café au salon. Entrée dans la salle de récit à 6 heures.

Les costumes féminins sont changés chaque jour. On varie entre l’asiatique, l’espagnol, le grec, le vêtement de nonne, de fée, de magicienne, de veuve, etc.

À 6 heures sonnant, l’historienne commence son récit, qui dure pendant quatre heures, interrompu par les intermèdes de plaisirs de diverses sortes que se procurent les libertins. À 10 heures, souper. Alors commencent les orgies du cabinet d’assemblée éclairé a giorno. Cela dure jusqu’à 2 heures. Il y a un certain nombre de fêtes, et, chaque dimanche soir, on procède à la correction des garçons et filles qui ont commis quelques peccadilles. On n’autorise que le langage lascif. On ne doit pas nommer Dieu sinon en blasphémant. Pas de repos. Les services les plus bas et les plus dégoûtants sont rendus par les filles et les épouses, qui doivent s’exécuter avec grâce.

Après l’élaboration du règlement, le duc harangue, le 31 octobre, les femmes réunies au salon. Sa harangue est peu encourageante ; en voici à peu près la conclusion : le mieux qui puisse arriver à une femme, c’est de mourir de bonne heure. De Sade s’adresse alors au lecteur, lui demandant de cuirasser son cœur. Il va étaler 600 perversions sexuelles qui toutes existent : « On a distingué avec soin chacune de ces passions par un trait en marge, au-dessous duquel est le nom qu’on peut donner à cette passion. »

Alors commencent Les 120 jours de Sodome. Le 1er novembre, la Duclos ouvre la session en exposant les 150 perversions simples, celles de la première classe. Chaque jour, elle en explique cinq. Le récit est interrompu par des discussions, des observations et des amusements variés.

Cette première partie est la seule que de Sade ait développée