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L’ŒUVRE DU MARQUIS DE SADE

ce que cette bagatelle produira : mais je supplie qu’on la représente ; citoyen, je vous demande une réponse… à la Comédie-Française son estime, je suis digne de tous deux et suis avec considération.

Votre concitoyen,

Sade.
Tournez s’il vous plaît.

Le 12 avril 1793, l’an 2 de la rép. fran. :

Je reçois à l’instant la lettre que vous venez de me faire l’honneur de m’écrire, j’y vois avec plaisir qu’on veut bien ne pas m’oublier ; j’attends le jour qu’on voudra bien m’indiquer, je vous prie en me l’apprenant de vouloir bien me faire savoir si c’est moi qui doit lire ou le citoyen Saint-Fal ; dans le premier cas, vous voudrez bien m’envoyer le manuscrit pour que je le repasse, cela est inutile dans le second[1].


La Comédie-Française, qui avait reçu « unanimement » le Misanthrope par Amour ou Sophie et Desfrancs, donna ses entrées à l’auteur pendant cinq ans, mais ne joua pas la pièce. Ailleurs, le marquis de Sade fut plus heureux. Il fit représenter au théâtre Molière Oxtiern ou les Effets du Libertinage, drame en trois actes et en prose.

Le théâtre Molière avait été ouvert rue Saint-Martin, le 11 juin 1791. Il était dirigé par Jean-François Boursault, dit Malherbe, qui jouait lui-même. On représentait de tout au théâtre Molière, mais on s’y distingua en jouant des pièces patriotiques. « Ce théâtre, dit le Moniteur du 11 novembre 1791, depuis son ouverture, s’est distingué par le patriotisme et l’amour de la révolution. » L’entreprise fut malheureuse, et le théâtre dut fermer ses portes un an après. Il les rouvrit bientôt, mais sous différents noms : il connut un grand nombre de faillites successives. Le premier succès du théâtre avait été : La Ligue des Fanatiques et des Tyrans, par Ronsin. Boursault y

  1. Lettre inédite. On y lit aussi cette annotation : « Reçue le 13 avril 93, à une heure du soir. » Qu’on me permette de remercier ici, pour son obligeance, M. Couët, le distingué bibliothécaire de la Comédie-Française.