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Page:Sade - L’Œuvre, éd. Apollinaire, 1909.djvu/66

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L’ŒUVRE DU MARQUIS DE SADE

« J’ai l’honneur d’être, avec un profond respect, Monseigneur, de Votre Excellence, le très-humble et très-obéissant serviteur.

« Royer-Collard, D. M. »


« On a pu s’étonner, ajoute le docteur Cabanes, que la police pût ainsi pénétrer dans un établissement destiné au traitement des affections mentales, et, à ce propos, il ne sera pas inutile de rechercher quelle était, au moment où le marquis y subit sa détention, la destination réelle de la maison de Charenton.

« Nous ne saurions mieux faire, pour nous renseigner, que de nous adresser à l’homme qui fait autorité en ces matières, à l’aliéniste Esquirol. Dans un ouvrage resté classique, Esquirol a donné l’historique très complet de l’établissement où avait été enfermé, par mesure d’ordre public, le marquis de Sade. Nous allons lui emprunter les éléments principaux de son lumineux travail[1].

« Deux ans après la suppression de l’établissement, le 15 juin 1797, le Directoire exécutif avait ordonné que l’hôpital de la Charité de Charenton serait rendu à sa première destination ; qu’il serait pris, dans l’ancien local des frères de la Charité, toutes les dispositions nécessaires pour établir les moyens de traitement complet pour la guérison de la folie ; que les aliénés des deux sexes y seraient admis ; enfin que l’établissement serait sous la surveillance immédiate du ministère de l’intérieur, autorisé à faire le règlement qu’il jugerait convenable pour l’organisation du nouvel établissement de Charenton.

« La gestion de l’établissement fut confiée, sous le titre de régisseur général, à M. de Coulmier, ancien religieux prémontré, membre des assemblées constituante et législative. M. Gastaldy, ancien médecin de la maison des insensés d’Avignon, dite de la Providence, fut nommé médecin de Charenton, M. Dumoutier eut la place d’économe-surveillant, et feu M. Déguise remplit les fonctions de chirurgien. Ces nominations sont du 21 septembre 1798.

« L’article 4 de l’arrêté du 5 juin 1797 disait bien que le régisseur de Charenton rendait immédiatement, au ministère

  1. Cf. Esquirol. Des Maladies mentales, t. II, pp. 561 et suivantes.