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INTRODUCTION

de l’intérieur, compte de l’administration économique de cet établissement. Ce compte ne fut jamais rendu et ne put jamais l’être. L’article 5 du même arrêté porte que l’école de médecine de Paris rédigera un règlement propre à régulariser les divers services de Charenton ; ce règlement ne fut point fait, et M. de Coulmier resta indépendant, maître absolu, surveillant suprême de l’administration et du service médical.

« Aussi, lorsque M. Gastaldy fut mort, au commencement de 1805, M. de Coulmier ne voulait point qu’on donnât un successeur à ce médecin ; il fallut que l’école de médecine intervint pour faire nommer M. Royer-Collard médecin en chef de la maison de Charcnton.

« Dans l’absence de tout règlement, le médecin en chef fut sans autorité réelle à cause de la suprématie que le directeur s’était arrogée. Regardant l’application des moyens moraux comme l’une de ses attributions les plus importantes, le directeur crut avoir trouvé, dans les représentations théâtrales et dans la danse, un remède souverain contre la folie. Il établit, dans la maison, les bals et le spectacle. On disposa, au-dessus de l’ancienne salle de l’hôpital du canton, devenue une salle pour les femmes aliénées, un théâtre, un orchestre, un parterre et, en face de la scène, une loge réservée pour le directeur et ses amis. En face du théâtre et de chaque côté de cette loge, qui faisait saillie sur le parterre, s’élevaient des gradins destinés pour recevoir, à droite, quinze ou vingt femmes, et à gauche autant d’hommes, privés plus ou moins de la raison, presque tous dans la démence et habituellement tranquilles. Le reste de la salle ou parterre était rempli d’étrangers et d’un très petit nombre de convalescents. Le trop fameux de Sade était l’ordonnateur de ces fêtes, de ces représentations, de ces danses auxquelles on ne rougissait pas d’appeler des danseuses et des actrices des petits théâtres de Paris.

« Protégé par le directeur, le marquis de Sade put quelque temps encore se livrer à ses goûts de metteur en scène. Mais le terrible Royer-Collard veillait : il se plaignit de nouveau, et les spectacles furent supprimés par un arrêté ministériel du 6 mai 1813. »


Il y a dans Juliette quelques traits nouveaux d’une dramaturgie sadique.

On aurait pu multiplier les notes à la suite des Extraits. Or