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LA MARQUISE DE GANGE

dant de grands biens dans le Languedoc, et pour lors âgé de vingt-quatre ans, fut celui qui parvint à dissiper dans le cœur de madame de Castellane le souvenir d’un premier époux, qu’elle n’avait, en quelque façon, regardé que comme un mentor.

Si madame de Castellane passait avec raison pour la plus belle femme de France, monsieur de Gange méritait également la réputation d’un des plus jolis hommes de la cour. Né à Avignon, mais venu fort jeune dans cette cour, il y connut madame de Castellane ; et l’égalité de patrie, le voisinage des biens, déterminèrent bientôt Alphonse de Gange à joindre au plus Violent amour des motifs si propres à déterminer le choix d’Euphrasie. Alphonse paraît, il est écouté ; Euphrasie se rend aux convenances : elles ont tant de force quand l’amour les étaie ! Sa main devint la récompense de celui du marquis, et les noces se firent.

Juste ciel ! pourquoi les furies allumèrent-elles leur flambeau à celui de ce tendre hymen ; et pourquoi vit-on des serpents souiller de leur poison les branches de myrte que des colombes plaçaient sur la tête de ces infortunés !

Mais ne devançons pas les événements, puisque quelques teintes douces peuvent nuancer ceux qui commencent cette fatale histoire. Ne broyons les couleurs lugubres que quand la vérité nous y contraindra.

Les nouveaux époux passèrent encore deux