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LA MARQUISE DE GANGE

que les conseils de mon désespoir ; ils m’entraînèrent dans une imprudence affreuse, je le sais, mais raisonne-t-on quand on ne sait plus ce qu’on fait ?… En me précipitant au bas de l’escalier, je rencontrai Villefranche ; je lui dis tout ce que j’avais vu, tout ce qui légitimait le désordre dans lequel je paraissais à ses yeux. Sans lui donner le temps de répondre, je l’entraîne à l’auberge des voitures, et nous en louons une pour Gange… Et la marquise continua de s’expliquer sur tout le reste avec la même franchise qu’elle avait employée chez l’évêque. — Mais qui, dit Alphonse, qui te fit voir l’erreur où j’étais ? Comment cette ouverture au plancher se trouva-t-elle là toute prête pour m’observer dans cette chambre, que je croyais si bien être la tienne ? Et ici, la prudente marquise, ne voulant point compromettre les deux frères, dit qu’elle seule, surprise du bruit qu’elle entendait chez Ambroisine, s’approcha du trou, et l’ouvrit. — Mon égarement fit le reste, ajouta-t-elle, et nous partîmes. Je te le répète, mon ami, il est impossible d’avoir plus à se louer de toutes les marques d’attention et de respect que le comte m’a montrées pendant la route, et même dans la malheureuse rencontre que nous fîmes de ces brigands. — Cette aventure est affreuse, dit le marquis, paraissant encore plus inquiet sur les procédés de Deschamps que sur ceux de Villefranche. — Mon cher Alphonse,