Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/161

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CHAPITRE VII


Il est plus facile de peindre que d’exprimer la confusion de Théodore, en se voyant ainsi traité par une femme qu’il croyait que le malheur allait précipiter dans ses bras. — Quelle fierté ! dit-il à Laurent, en se plaignant à lui de la scène qu’il venait d’avoir. Que faut-il donc faire, mon ami, pour réduire cette orgueilleuse créature ? — Tout le contraire de ce que vous faites, monsieur, répondit le confident ; dès qu’elle vous reçoit ainsi, soyez bien sûr que vous ne la vaincrez plus qu’en l’imitant : elle est cruelle, soyez de même à son égard ; retirez-lui tous les agréments que vous lui avez procurés, et que chaque jour elle éprouve de vous une nouvelle privation ; qu’elle sache que ce n’est que de vous seul qu’elle doit tout attendre, que vous seul pouvez la rendre heureuse, que vous seul pouvez la réconcilier avec son mari, que vous seul enfin pouvez faire éclater son innocence. De ce moment vous verrez