Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/247

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CHAPITRE X


Avec une tête aussi vive, avec le souvenir si récent de ses malheurs, il est aisé de concevoir à quelles affligeantes réflexions se livra madame de Gange. Que de soupirs s’exhalèrent de son cœur oppressé ; que de larmes inondèrent ses joues, quand elle se considéra dans cette terrible situation ! Cruellement agitée, elle parcourait cette grande salle, sans pouvoir en discerner les dimensions, lorsqu’elle crut apercevoir une petite porte entrouverte. Il était encore nuit ; et l’endroit où elle se trouvait n’était éclairé que par quelques faibles rayons d’une lune pâle que des nuages fortement agités dérobaient à tous les instants. Elle vole à cette porte ; le malheur saisit ardemment tout ce que le hasard lui présente : une lampe prête à s’éteindre lui laisse entrevoir le cabinet que ferme la porte qu’elle vient de découvrir ; elle entre… Mais quel affreux objet s’offre à ses regards ! Elle voit sur une table un cadavre