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LA MARQUISE DE GANGE

Le marquis réprimanda sévèrement sa femme de tomber perpétuellement ainsi dans les pièges que chacun lui tendait. — Vous voyez, dit-il, que vous me mettez encore ici dans le cas d’avoir avec Caderousse la même affaire qu’avec Villefranche. — Gardez-vous-en bien, dit Euphrasie ; laissez oublier une aventure dont l’éclat me perdrait : c’est à ma sagesse à tout prévenir désormais. — Ah ! perfide, vous m’en avez dit autant chez madame de Donis. — Uniquement coupable d’imprudence dans l’un et dans l’autre cas, croyez que je serai maintenant plus sévère que jamais sur tout ce qui pourrait me faire tomber dans les mêmes fautes. Récompensez Victor, monsieur, je vous en conjure ; le motif qui vous le fit renvoyer à Gange ne peut se mettre en compensation avec la belle action qu’il vient de faire. Je vous le recommande.

Victor fut bien payé, placé dans Aix, avec sa femme, et l’on ne s’occupa plus que de retourner à Avignon, où les deux époux arrivèrent sans prononcer une parole.

— Voilà votre fille, madame, dit Alphonse à sa belle-mère ; elle vous instruira de tout, et vous prononcerez. Le marquis se sauve à ces mots, et laisse ces deux femmes s’expliquer.

La première idée qui vint à madame de Châteaublanc fut qu’il y avait encore là quelque piège. — Je n’en doute pas, dit Euphrasie ; et,