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LA MARQUISE DE GANGE

continuera de se mettre bien avec sa belle-sœur ; et peut-être que le délai sur lequel j’appuie, en faisant naître de nouvelles circonstances, nous fournira de nouveaux moyens de les saisir. L’opinion prévalut, et l’on s’en tint là.

Le chevalier ne tarda point à aller voir sa sœur. — Je n’étais là que pour vous secourir, lui dit-il affectueusement. — On me l’a dit, et je l’ai cru, répondit Euphrasie. Dès qu’il s’agira de quelque chose qui puisse me nuire, assurément, mon cher frère, je ne vous accuserai jamais d’y avoir part. — Ce qui me fâche, c’est que l’histoire fait un grand bruit, et vous sentez qu’avec le sincère attachement que j’ai pour vous, cet esclandre ne peut que m’affliger. — Je suis sensible à l’intérêt que vous prenez à moi. — Vous savez qu’il est des plus vifs. — Ah ! celui de votre frère diminue bien… — Mais toutes ces choses-là tracassent un mari : quel que soit là-dessus le ridicule du préjugé, il existe, il faut le respecter. Comment ferez-vous oublier cette fâcheuse histoire ? — Par une conduite extrêmement régulière : avec une réserve sans bornes, le public reviendra sur mon compte ; on le fait taire en le désabusant. — La calomnie est tellement à la mode dans cette maudite ville ! — Ah ! que je suis désolée d’y être venue ! Malheureusement je ne puis la quitter encore. — Cette succession, n’est-ce pas ?… — Il faut terminer toutes les affaires qui y tiennent.