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LA MARQUISE DE GANGE

Effectivement, dès le lendemain, madame de Gange envoya chercher son notaire ; elle fit un testament, dans lequel elle instituait madame de Châteaublanc son héritière, à la charge par elle d’appeler à la succession le jeune de Gange, pour lors âgé de huit ans, seul enfant qu’elle eût eu de son mari ; et, quoique ce testament eût été fait secrètement, le lendemain, madame de Gange convoqua chez elle une partie de la noblesse d’Avignon et plusieurs magistrats, devant lesquels elle déclara authentiquement que, s’il lui arrivait de faire un testament autre que celui qu’elle avait dicté la veille à son notaire, elle désavouait formellement ce testament postérieur, voulant que le premier fût seul exécuté.

Cette déclaration, preuve bien constante des tristes pressentiments de madame de Gange, fit le plus grand bruit dans Avignon et changea de suite les intentions de messieurs de Gange.

« Nous n’avons plus qu’un parti à prendre, se dirent-ils aussitôt, c’est de faire révoquer ce testament et peu après la déclaration ; et ce n’est plus maintenant que par la douceur que nous pourrons y parvenir. Anéantissons toutes les calomnies ; cessons d’en inventer de nouvelles ; entraînons la mère et la fille à Gange, et là nous verrons ce qu’il sera possible de faire. »

En conséquence de ce nouveau plan, les trois frères Vinrent voir la marquise, et lui prodi-