Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
314
LA MARQUISE DE GANGE

l’eut empêché. — Au moins, sortez sur-le-champ de ma maison, dit M. de la Lippe à ce scélérat, et laissez-moi dévoré d’inquiétude sur les principes dont vous avez peut-être gangrené le cœur de mon fils.

L’abbé crut se cacher à Amsterdam ; la demoiselle qu’il avait subornée l’y suivit ; il l’épousa.

Mais le crime n’était pas puni et il devait l’être : c’est à l’instant où le coupable croit échapper à la vengeance céleste qu’elle le poursuit et le frappe.

Au bout de six mois de mariage, un inconnu aborde Théodore sur les dix heures du soir, dans une rue détournée où il demeurait. — Tu es l’abbé de Gange, lui dit ce personnage mystérieux, je suis tes pas depuis longtemps.

Péris, monstrueux scélérat : je venge ta victime… Et il lui brûla la cervelle en prononçant ces mots.

L’inconnu disparut sans qu’on ait jamais pu savoir ce qu’il était. Mais, quel qu’il fût, il était armé par la main du ciel.

Ah ! si quelque chose console le malheureux, c’est la certitude où il doit être que la main qui l’écrase subira bientôt le même sort.