Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
34
LA MARQUISE DE GANGE

les étudier ? A-t-il celui de les pratiquer ? Leur seule apparence ne suffit ; on ne lui en saurait pas plus de gré : s’il s’avisait d’en offrir davantage, il passerait bientôt pour un homme lourd, ennuyeux.

Vivant dans un cercle plus étroit, et par conséquent vu de plus près, il doit absolument mettre tout en usage pour réussir. Le microscope est dirigé sur lui ; rien n’échappe ; on voit par ce moyen jusqu’aux plus secrets replis de son cœur. Ce n’est plus ni de la fausseté, ni de l’art qu’on exige de lui ; c’est de la franchise, c’est de la vérité, parce qu’il n’en imposera pas longtemps. S’il trompe, il est trop près pour qu’on se contente avec lui des faux dehors de la vertu ; et si, réellement elle n’existe pas dans son âme, on se presse d’éloigner de soi quelqu’un qui, dès le premier jour, en gangrenant toute la société, ne pourrait plus devenir que nuisible à chacun des membres qui la composent.

Monsieur et madame de Gange eurent donc soin, autant qu’ils le purent, de ne réunir autour d’eux que des personnes qui leur convinssent ; et, pour mettre nos lecteurs au fait, nous allons dire un mot de chacun des personnages qu’ils adoptèrent.

Madame de Roquefeuille, possédant des biens dans les environs de Montpellier, était venue voir les jeunes époux, en raison de ses anciennes