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LA MARQUISE DE GANGE

seconde fois sur Euphrasie, un portrait, cher Alphonse, que ton amitié m’envoya de Paris vers les commencements de ton mariage ; mais quelle différence et que de reproches on doit à l’artiste ! Oh ! mon frère, tu n’avais pas guidé le pinceau ; et Théodore, après avoir embrassé sa belle-sœur, supplia tout le monde de se rasseoir.

Les premiers moments se passèrent en nouvelles. Celles du rappel de Charles II par la nation anglaise, son rétablissement sur le trône de ses ancêtres, l’augmentation du pouvoir de Mazarin, que le parlement eut la bassesse de haranguer lors de sa rentrée dans Paris, et plusieurs autres faits moins intéressants, qui occupaient alors la cour et la ville, devinrent la matière de la conversation, jusqu’à l’heure du souper.

Le marquis plaça avec plaisir son frère entre mademoiselle de Roquefeuille et madame de Gange ; et la plus franche gaieté parut animer le repas.

Qu’on nous permette de profiter du moment qu’il remplit, pour esquisser à grands traits le nouveau personnage qui nous arrive.

L’usage et quelques arrangements de fortune avaient fait prendre à Théodore le costume d’un état dont les sentiments étaient loin de son cœur. L’abbé de Gange n’attendait qu’une occasion pour jeter le froc aux orties, et sa légitime, quoique médiocre, d’après les lois du pays, qui donnaient