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LA MARQUISE DE GANGE

pas bien certain que celui que nous promettent les femmes se trouve dans le mariage, et je ne sais s’il ne vaut pas tout autant en troubler trois ou quatre que d’en conclure un seul. — Assurément, monsieur l’abbé, cela vaudrait mieux, dit Perret ; mais les choses sont faites, nous ne pourrons pas les déranger. — Non, mais les bouleverser, je le puis. — Oh ! vous ne le ferez pas ; monsieur votre frère est si aimable ! il aime sa femme de si bonne foi ! — Et crois-tu qu’il en soit aimé ? — Beaucoup ; ils ne se quittent jamais ; leurs plus divins moments sont ceux qu’ils passent ensemble. Si madame désire quelque chose, monsieur la lui donne à l’instant. Ce sont des soins si tendres, des attentions si prévenantes !… N’importe, monsieur l’abbé, si vous supposez que mes soins vous soient utiles, à l’instant mes batteries seront dressées ; soyez sûr du zèle de Perret. — Mon ami, répondit Théodore, je crois la conquête difficile ; Ambroisine de Roquefeuille, à côté de qui je soupais, balance un peu les impressions produites par madame de Gange ; mais là il faudrait épouser, et tu sais que je ne me soucie nullement de m’enchaîner. Près d’Euphrasie, c’est bien meilleur ; il ne faut que troubler, déranger ; et cela s’accorde merveilleusement avec la dose de perversité dont il a plu à la nature de composer mon organisation. Et puis, ne penses-tu pas comme moi, qu’Euphrasie, quoique un peu