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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/106

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Nos scélérats couchèrent aux environs de Louvres, sous des meules de foin. L’intention de notre sage orpheline aurait été de se rapprocher de la Dubois, pour passer la nuit à ses côtés ; mais la coquine avait d’autres projets que celui de s’employer à défendre la vertu des autres : trois bandits l’entourèrent, et l’abominable créature se livra à tous les trois en même-tems : le quatrième s’approcha de Justine ; c’était Cœur-de-Fer. Bel enfant, lui dit-il, j’espère que vous ne me refuserez pas au moins de passer la nuit près de vous ; et, comme il s’apperçut de son extrême répugnance, ne craignez rien, lui dit-il, nous causerons ; mais rien ne s’entreprendra que de votre gré.

O Justine ! poursuit ce libertin, en la pressant entre ses bras, n’est-ce donc pas une grande folie que cette prétention où vous êtes de vous conserver pure avec nous ? dussions-nous même y consentir, cela pourrait-il s’arranger avec les intérêts de la troupe ? Il est inutile de vous le dissimuler, chère enfant ; mais quand nous habiterons les villes, ce n’est qu’aux pièges de vos charmes que nous comptons prendre des dupes. Eh bien, monsieur, répondit Justine, puisqu’il est cer-