Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/109

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ridicule et véritablement répréhensible, dont une personne d’esprit comme vous ne devrait pas vouloir être coupable ? N’importe, continuez de m’entendre, chère fille ; je vais vous prouver le desir que j’ai de vous plaire et de respecter votre faiblesse. Je ne toucherai point, Justine, à ce phantôme dont la possession fait tous vos délices ; une jolie fille comme vous a plus d’une faveur à donner ; et Vénus avec elle est fêtée dans bien plus d’un temple : je me contenterai du plus étroit. Vous le savez, ma chère ; près du labyrinthe de Cypris, il est un antre obscur où vont se cacher les amours, pour nous séduire avec plus d’énergie : tel sera l’autel où je brûlerai l’encens ; là, pas le moindre inconvénient ; si les grossesses vous effrayent, elles ne sauraient avoir lieu de cette manière ; votre jolie taille ne se déformera point ; ces prémices, qui vous sont si douces, seront conservées sans atteinte ; et, quelque soit l’usage que vous en vouliez faire, vous pourrez les offrir pures. Rien ne peut trahir une fille de ce côté ; quelques rudes et multipliées que soient les attaques, dès que l’abeille a pompé le suc, le calice de la rose se referme, au point de faire croire qu’il ne dut jamais s’entrouvrir. Il y