Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/116

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réfléchie de la nature nous prouve que le mouvement perpétuel est la première de ses loix ; si tout se meut par soi-même, de toute éternité le souverain moteur que vous supposez, n’a donc agi qu’un jour ; or, quel culte légitime pourriez-vous rendre à un Dieu démontré inutile aujourd’hui ! Mais revenons, ô Justine ! cessez de croire que ce fut la main de ce vain phantôme qui détruisit les bourgades arabes, dont vous me parlez ; situées sur un volcan, elles furent englouties, comme le furent depuis les villes voisines du Vésuve et de l’Etna, par un de ces phénomènes de la nature, dont les causes sont purement physiques, et qui ne concluent ni pour ni contre la conduite des hommes domiciliés dans ces villes dangereuses ; la justice humaine a voulu, dites-vous, imiter celle de Dieu ; mais je viens de vous démontrer d’abord, que ce ne fut pas une justice de Dieu, mais un phénomène… un accident de la nature qui détruisit ces villes ; et redevenant jurisconsulte après avoir été philosophe, je vous dirai, Justine, que cette loi qui condamnait autrefois au feu les gens entichés de ce goût, est une vieille ordonnance de Saint-Louis lancée contre l’hérésie