Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/140

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sera légère ; car il n’est pas dans la nature que je puisse jamais regretter la perte d’un être qui viendra de sang-froid me condamner à un tourment éternel pour des fautes finies ; cette seule injustice me le fait prendre dans une telle haine, qu’assurément je ne le regretterai pas quand il aura prononcé son jugement. — Ah ! je le vois, monsieur, dit Justine, votre conversion est impossible. — Tu as raison, mon ange ; ne l’entreprends pas, ce serait en vain ; laisse-moi bien plutôt travailler à la tienne, et crois que tu auras cent fois plus de mérite à te corrompre à mon exemple, qu’à vouloir me sanctifier au tien… Il faut la foutre, mon frère, dit la Dubois, et la bien foutre ; je ne vois que ce moyen pour la convertir ; il est inoui comme une femme adopte vite les principes de celui qui la fout. L’élément du flambeau de la philosophie, c’est le foutre. Tous les principes de morale et de religion s’anéantissent bientôt devant les passions. Réveille donc les siennes, si tu veux l’éduquer avec fruit ; et Cœur-de-Fer, la prenant déjà dans ses bras, allait, je crois, mettre promptement en action les conseils de la Dubois, quand le bruit d’un homme à cheval se fit entendre auprès de